Mêles-toi donc de ta bédaine.

J’ai attendu 3 ans avant de voir le petit + apparaitre. Croyez-moi, j’étais de celle qui avait hâte de voir son petit bedon s’arrondir doucement. Dès les premiers signes, j’étais pas mal fière d’exhiber mon nouveau statut de femme enceinte! Oh! Mais n’ayez crainte, j’ai vite intégré le double standard de la grossesse! Il faut grossir, mais pas trop!

À peine quelques semaines de gestation et mon poids est devenu une consternation du domaine publique, c’est-à-dire que tout le monde pouvait y aller de son petit commentaire.

 « OMG, déjà une bédaine! », « T’es certaine que tu n’attends pas des jumeaux », « Ce doit être une fille, tu as élargi des côtés »!

J’ai même eu droit à une confession maladroite d’une amie, à savoir que certaines personnes de mon entourage, des hommes, passaient beaucoup de commentaires sur ma prise de poids.

Excusez moi l’expression. WTF.

J’ai fini par être complexée par ce corps en changement. À être gênée de ses rondeurs, du poids qui s’éparpillait un peu partout. Parce que t’sais, pour être cute, il faudrait que tout notre poids soit localisé dans la bédaine! Pourtant j’étais pleine de vie, d’énergie! La vie était belle. Mon chum et moi étions amoureux fous. Mais le reflet de mon corps bombé ne me plaisait pas.

Comme si le corps de la femme n’était pas déjà soumis à une étendue inimaginable de standards de beauté complètement disjonctés. L’élitisme du paraitre s’est propagé jusqu’à la grossesse, où le culte de la minceur s’impose dans sa forme la plus ABSURDE!

Et je suis retombée enceinte.  5 mois après avoir accouché de mon p’tit premier! Cette fois, les rondeurs ont tardées. Les bras déjà plein avec un bébé et une entreprise, des aversions alimentaires et des nausées constantes, j’ai pu « cacher » cette nouvelle grossesse pendant des mois! Ces malaises ont eu pour effet de classer mon corps dans la catégorie des « belles bédaines ». On n’a pas manqué l’occasion de me dire que j’étais chanceuse. De quoi au juste? D’avoir visité le bol de toilette plus souvent que ma propre mère?

C’EST. N’IMPORTE. QUOI.

Pendant la grossesse, 85% des femmes seraient préoccupées par leur poids. Une étude relate également que 78% des femmes enceintes dépassent le gain pondéral recommandé!

Est-ce qu’on peut s’entendre pour dire qu’il y a quelque chose qui cloche? Est-ce qu’on peut s’outrer un petit peu plus fort? Est-ce qu’entre-nous, c’est possible d’être plus douces? De se réjouir de voir des ventres pleins, de cesser de se comparer, de s’élever plutôt que de se juger?

Je te laisse un petit guide de conduite envers une femme enceinte :

  1. Ne parle pas de son physique. Sauf pour lui dire qu’elle est magnifique.
  2. Parle-lui de son ‘’spirit’’. Tu brilles, fille. C’est beau de voir ça.
  3. Pose-lui des questions. La grossesse amène son lot de tracas. C’est tellement plus que des changements physiques. Allez au-delà de la bédaine! Comment vas-tu? Le sommeil? Les nausées? Ta vie de couple? Tes craintes?

Je te mets au défi de complimenter au moins une femme enceinte cette semaine. Juste pour qu’on change le monde ensemble et qu’on fasse tomber les statistiques poches.

Pour en lire plus, voici une revue scientifique très intéressante : https://www.erudit.org/fr/revues/rqpsy/2016-v37-n1-rqpsy03085/1040101ar/

Nance xx