J’ai eu une première grossesse agréable. Voir même plaisante. Genre, j’ai aimé ça être enceinte.
Après trois ans d’attente, d’espoir et de désespoir, ma grossesse a été pour moi un petit break de 37 semaines, quasi parfait. Des petits maux çà et là, bien sûr, mais la joie de porter la vie a pris le dessus sur pas mal tout! Je n’avais jamais été aussi zen. C’est peut-être que parce que pour la première fois, quand je regardais mon nombril, eh bien, c’était pour penser à quelqu’un d’autre que mon petit moi!
Je n’étais pas pressé de le rencontrer mon mini. Cette relation intra-utérine me plaisait bien. Je laissais l’amour se tisser à coup de coups dans les côtes, de hoquets mignons et de moins flatteuses flatulences.
On se préparait doucement à devenir une famille. J’ai rêvé de mon accouchement idéal. Aussi zen que ma grossesse, tranquille, loin de l’aspect médical possible. Le retour aux sources. Au pouvoir du féminin. J’ai fait mon plan de naissance, t’sais.
On m’a fait un diagnostic hypothétique de cholestase de grossesse. En français, ça veut dire qu’il y avait des chances que mon foie ne fonctionne plus comme il se devait. Résultat: on a dû me provoquer à 37 semaines pile-poil pour éviter les risques pour bébé.
Ç’a été mon premier petit deuil. Celui de ne pas sentir le travail arriver. De savoir que mon expérience serait plus médicalisée que souhaité.
Le 11 novembre 2017, nous avons quitté la maison, mi-nerveux, mi-excités. Je me rappelle avoir fermé la porte sur notre maison vide, émue de savoir que nous reviendrions à trois. J’avais monté mes petites valises directement à la maternité. Je m’attendais à tout sauf à me faire renvoyer à la maison, car on S’ÉTAIT TROMPÉ DANS MA DPA!
Après quelques bredouillements et rires nerveux en guise de réponse, mon chum et moi revenions à la maison. Épuisés, incomplets, incompréhensifs et, disons-le, en colère.
…
Cinq jours plus tard et au bout de 27 heures de travail, je me suis réveillé dans une salle blanche. Le ventre creux et les bras vides. Le supposé plus beau jour de ma vie, n’a pas été le plus beau jour de ma vie.
Je n’ai pas senti son petit corps contre mon ventre.
Je n’ai pas entendu son premier cri.
…
Oh! Ne vous inquiétez pas, je suis consciente! J’ai un beau bébé en santé. C’est tout ce qui compte. Et ce message en boucle entre mes deux oreilles m’a fait culpabiliser des mois durant de ne pas être une nouvelle maman totalement extasiée par ce miracle de la vie.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) mentionne que la césarienne est la chirurgie la plus utilisée au monde et que le taux de pratique ne cesse d’augmenter. Je ne peux pas affirmer que ma césarienne aurait pu être évitée. La meilleure décision a été prise afin de me permettre de faire MA rencontre. Je crois cependant qu’il peut y avoir une certaine institutionnalisation de l’accouchement, qui oublie parfois le vécu psychique des parents.
Si chaque expérience est unique et que plusieurs césariennes se déroulent également extrêmement bien, voici quelques points que l’on devrait adresser:
1 — Discuter de la césarienne dans le suivi de grossesse: le déroulement général, l’environnement, vulgariser les procédures médicales, discuter de la présence du ou de la conjoint(e) et à quel moment.
2— Humaniser la salle d’opération: il y a un décalage assez impressionnant entre l’unité de maternité et la salle d’opération. Pour ma part, j’avais créé une belle atmosphère dans notre chambre. Un petit cocon avec mon amoureux. Les infirmières étaient très respectueuses et réconfortantes. La salle d’opération quant à elle était très froide. Je m’y suis sentie très seule alors que tout le corps médical grouillait autour de moi, sans même me regarder ou m’adresser la parole.
3— Redonner du pouvoir aux femmes, même en salle opératoire: en maintenant le contact avec elles, en les informant de ce qui se passe, en leur posant des questions bien simples comme « Êtes-vous confortable? Comment vous sentez-vous? »
Le récit de mon accouchement, je le ferai en d’autres temps. Je dois me réconcilier avec un narratif qui sonne faux à mes oreilles. Il ne faut pas voir en ce texte une autre dramatisation de la scène d’accouchement. Il s’agit d’une expérience unique. La mienne. La partager avec vous est d’une certaine façon un processus rédempteur. Donner naissance n’a pas été la plus belle journée de ma vie, comme on m’avait répété qu’elle serait des dizaines de fois. Chaque jour qui s’en est suivi cependant, est devenu un jour heureux. Les plus heureux de tous.
Et si vous aviez des suggestions à faire afin d’améliorer le vécu des femmes face à la césarienne, quelles seraient-elles?
Nancy
Magnifique texte. Très émouvant. Quand tu seras prête, je lirai avec bonheur le récit de la naissance. Merci du partage xxx
Merci pour tes bons mots. Je le ferai assurément 🙂
Je suis physiothérapeute en rééducation périnéale et pelvienne, et maman de deux petits garçons. La première chose que je changerais, c’est d’expliquer, autant que possible, les actes médicaux à venir, ou du moins, ceux faits. Une majorité de femmes que je vois en suivi ne comprennent pas à 100% ce qui s’est passé durant l’accouchement, et ce que ça implique. C’est une très grosse partie de mon travail en post-partum, aider la nouvelle maman à comprendre ce qui s’est passé, pourquoi, et ce que ça implique!
Absolument d’accord avec toi! Si tu as envie de nous soumettre un texte à ce sujet, nous en serions ravies!
nancy@littleyogicompany.com! Merci du partage!
Bonjour
J’ai vécu une expérience très similaire!
Ton texte est touchant, et chaque fois que je lis un texte d’expérience De césariennes je ne veux pas lire j’ai peur, peur que la cicatrice émotionnelle se ravive. Mais non en lisant ces textes/expérience je sent la guérison s’animer un peu plus chaque fois.
Je sent la douceur de ta guérison, de ton expérience s’appliquer à la mienne. Je vois la magie dans mes moments avec mon bébé et je commence à me sentir choyer de savoir à quel points ces moments son précieux. Je vois cette guérison dans chaque moments de douceur pour moi et bébé, oui le deuil de l’accouchement naturelle est la et je le fais un peu plus chaque jour en me berçant, en faisant dû peau à peau et en profitant de ces moments.
Merci d’en parler ce n’est pas rien ce sont des expériences pas toujours facile à accepter, à apprivoiser ce que l’on ressent.
Merci de rependre cette douceur
Wow. Quels beaux mots. Droit au coeur je te jure. Merci tout plein.
Quand j’ai vu le titre de ton texte, je savais tout de suite que ça allait beaucoup me toucher. Merci énormément de ton témoignage. J’ai vécu quelque chose de similaire et je trouve important qu’on parle enfin, un peu, des effets psychologiques d’une césarienne. Comme pour Myriam, ça met un baume sur le coeur chaque fois qu’on voit qu’on n’est pas seule. Mon coco va avoir 1 an dans quelques semaines, et malgré le fait que ça devrait être un événement heureux, j’appréhende beaucoup la journée. J’ai peur que les blessures de mon accouchement ne ravivent et me frappent de plein fouet. On ne peut que prendre ça une journée à la fois, et laisser le temps nous soigner tranquillement. Merci encore.